Chefchaouen – Porte-drapeau incontesté de l’art de la Hadra à Chefchaouen, Rhoum El Bakkali s’est frayée, depuis la création de sa troupe il y a de nombreuses années, un chemin remarqué dans la sphère de cet art spécial et sublime.
Maîtrisant à la perfection ce chant millénaire, Rhoum El Bakkali s’est aisément érigée en ambassadrice du Maroc dans une myriade d’activités et de manifestations artistiques internationales, où elle a toujours été adorée par le public et encensée par les critiques, récoltant prix, distinctions et reconnaissance.
Luthiste de grande talent qui maîtrise aussi parfaitement le piano, Rhoum est, en effet, la première femme à obtenir le Prix de la formation en musique et le prix honorifique du meilleur duo en musique andalouse. Studieuse et persévérante, elle a pu, par ses propres moyens, mettre sur pied une école de l’art de la Hadra dont sont sortis plus de 250 jeunes artistes jusqu’à présent.
Le parcours de Rhoum El Bakkali est une ode de réussite et de perfection jouée au rythme de poèmes magnifiques, qu’elle a su frapper du seau de la modernité en sortant cet art de ses cercles traditionnels des zaouias soufies et des soirées de femmes pour le présenter au grand public national et international.
En persévérant dans un choix élégant de grands poèmes d’érudits et de poètes incontournables du soufisme, tels Cheikh El Harrak et Moulay Ali Chaqour, la troupe de Rhoum El Bakkali, Akhawat Al Fan Al Assil pour la Hadra chafchaounie, s’est imposée sur la scène artistique, devenant de plus en plus sollicitée et de plus en plus appréciée tant pour ses chants que pour la chorégraphie agencée de ses 14 membres en habits traditionnels qui reflètent la pure beauté de la Cité bleue.
Ce succès n’est guère le fruit du hasard, “mais le résultat de beaucoup d’efforts, de persévérance, de sérieux et de sueur, accompagnés d’un talent avéré et d’une formation académique solide”, affirme Mme El Bakkali à la MAP.
Rhoum est née dans une famille conservatrice, dont les racines remontent à la zaouia kadiria, ce qui lui a permis de côtoyer l’art de la hadra dès son jeune âge, avant de rejoindre le conservatoire à l’âge de 12 ans. Elle a ainsi puisé ses connaissances en musique andalouse dans le savoir de grands cheikhs auxquels elle exprime aujourd’hui respect et reconnaissance.
Notre rencontre avec Rhoum ne pouvait se compléter sans une pensée pour son frère aîné, le guitariste feu Salah El Bakkali, qui lui a apporté son soutien inconditionnel, et lui a facilité la poursuite de ses études en musique à Chefchaouen, puis à Rabat, à un moment où un tel parcours était impensable pour une jeune fille chefchaounie.